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Le couple innovation / règlementation au coeur des débats du Paris Fintech Forum 2019

11 février 2019

Business insight

La 4ème édition du Paris Fintech Forum s’est achevée il y a dix jour !

Marwan El Boury, Head of Client Implementation chez Lemonway, a pu constater le degré de maturité de cette nouvelle édition qui a fait la part belle à l’innovation mais aussi – DSP2 et RGPD oblige – à la réglementation. Il ressort de ces nombreux débats et conférences que la disparité des règlementations et la multiplication des normes à l’échelle européenne sont aujourd’hui les principaux freins au développement des fintechs dans un contexte de montée en puissance des GAFA dans le secteur.

Retour sur les grandes tendances identifiées…

 

KYC, les défis technologiques

Face à la recrudescence des cyberattaques, des usurpations d’identité ou des tentatives de fraudes ciblant les paiements, les fintechs doivent s’appuyer sur des outils digitaux d’identification performants et réactifs. C’est là tout le défi du KYC (« Know your customer ») de demain : optimiser et systématiser des technologies liées à la numérisation des identités, à la sécurisation du processus d’identification comme la reconnaissance faciale ou le Machine Learning.

Des « Regtech » (secteur à la croisée de réglementation et de la technologie) entendent répondre à ces enjeux technologiques. La capacité des fintechs à se munir des solutions offertes par ces nouveaux acteurs est critique et devient pour les nouveaux acteurs une barrière à l’entrée d’autant plus forte que des normes multiples voire divergentes structurent leur activité.

Les Etats européens ont un rôle à jouer dans l’établissement d’une norme commune et la réalisation d’une identification unique sur le modèle de France Connect qui permet aux citoyens d’avoir accès à divers services après un processus d’authentification unique d’autant plus que la connexion via un fournisseur tiers type Google ou Facebook représente une alternative crédible aux Regtech. Cela pourrait n’être que la première étape avant que les GAFAs ne viennent faire concurrence aux fintechs dont l’activité dépend fortement de leur performance KYC.

 

Intelligence artificielle au service de la lutte contre la fraude

Rappelons-le, l’intelligence artificielle n’est ni plus ni moins qu’un ensemble de techniques visant à « simuler » l’intelligence humaine grâce à un algorithme de données. Donc là où il y a des données, il peut potentiellement y avoir de l’intelligence artificielle. Les banques brassent une quantité impressionnante de données, c’est pourquoi l’intelligence artificielle (via la technologie du Machine Learning, qui est à ce jour la plus aboutie) est de plus en plus plébiscitée dans le secteur bancaire, en particulier pour la détection des fraudes.  Là encore les fintechs ont un rôle important à jouer dans le contexte d’ouverture des données bancaires. Mais là encore, elles doivent faire face aux GAFA qui disposent elles aussi d’importantes données pouvant perturber et mettre profondément à mal le secteur des services financiers.

 

Homogénéisation des réglementations : LA solution pour développer et pérenniser les fintechs européennes

Le processus de décision des régulateurs est long alors que l’innovation est extrêmement rapide voire changeante et évolutive. Certains régulateurs se dotent d’outils et de personnes qualifiées à même de comprendre et favoriser l’innovation dans l’industrie des technologies financières. C’est le cas en France où l’AMF (Autorité des Marchés Financiers) et l’ACPR (Autorité de Contrôle Prudentiel et de Résolution) ont lancé conjointement un organe de concertation réunissant des chefs d’entreprises et des experts de la haute technologie pour mieux cerner les enjeux réglementaires et prudentiels liés à l’innovation financière. C’est un grand pas ! Mais qui sera insuffisant si la coopération n’est pas internationale/européenne. Tant qu’il n’y aura pas une homogénéisation et une harmonisation de la réglementation, les fintechs européennes auront du mal à se développer voire à exister face à leurs concurrents chinois et américains.

Marwan El Boury